ALERTE ROUGE: Retour sur la mise en place

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Bretagne - 08/03/2017

Vous avez été nombreux à réagir à la suite de la mise en place de l'alerte ROUGE sur les réseaux sociaux et il nous paraît justifié de revenir sur cet événement exceptionnel et différent des pouvoirs publics qui n'avaient pas lancé l'alerte maximale.

Chronologie de la mise en place en aval

Aujourd'hui, Météo-Bretagne, à l'image de nos concurrents, utilise un panel de modèles météorologiques basés sur des calculs très complexes qui génèrent des cartes, des graphiques et des descriptions de l'atmosphère à tous les étages avec différentes caractéristiques. Nos réseaux d'observations sont très compétitifs puisque nous avons aujourd'hui plus de 70 stations automatiques qui mesurent en temps réel les données dans de nombreux endroits de la Bretagne. L'open-data permet depuis des années d'avoir des modèles météorologiques avec un maillage très fin qui permet une prévision très fiable à court terme ( AROME, WRF, ... ). Nous avons donc déjà observé dès vendredi le risque d'une tempête pour cette journée de Lundi sur la Bretagne. Notre communication s'est axée sur les événements du week-end en premier lieu puisque un coup de vent était attendu pour dimanche et une alerte BEIGE était d'ailleurs mise en place sur le littoral nord pour cette matinée. Nous avons donc décidé dès la journée de Dimanche en matinée de communiquer sur l'approche d'une tempête que l'on annonçait déjà violente. En effet, certaines modélisations du modèle AROME montraient un caractère intense de la tempête. C'est d'ailleurs en cours d'après-midi que nous avons décidé de lancer une alerte ORANGE en communiquant des rafales de 150 km/h sur les côtes et 110 km/h dans les terres ce qui n'est pas anodin et correspond à une tempête forte. Si les modèles se mettent à jour quatre fois par jours, il faut souligner que la prévision à 6h précédent le phénomène est fortement influencée par les observations en direct. 

Qu'est ce qu'une alerte météorologique ?

La prévision ne suffit pas en météorologie. Elle est souvent abstraite pour le lecteur et il est difficile pour le public qui lit un bulletin de prévision de se rendre compte de la différence ou des conséquences que peuvent avoir des rafales de 100 km/h par rapport à une rafale à 70 km/h. La vigilance météorologique inventée par Météo France consiste à mettre en perspective à travers un code couleur des niveaux d'alerte. Météo France s'appuie sur quatre couleur ( vert, jaune, orange et rouge ). Cette vigilance est officielle et ne remplace en rien notre carte des risques d'intempéries qui d'ailleurs n'est pas basée sur les mêmes critères. Voici nos critères et nos couleurs utilisées. 

D'abord, les couleurs vertes signifient qu'il n'y a pas de risques particuliers ou des risques faibles ( risques de pluies ). Ensuite, la couleur jaune signifie des risques d'intempéries modérés ( risques d'orages, risques de vents forts, risques de neige ). Ces trois couleurs sont utilisées à buts préventifs et peuvent faiblement impacter les activités. 

Ensuite dans notre code couleur, nous avons trois couleurs qui correspondent à des alertes météorologiques. C'est à dire que pour nous, on considère que les conditions météorologiques seront suffisamment dégradées pour influencer de manière notable les activités. C'est d'ailleurs à partir de ces trois couleurs que l'on décide de communiquer via les réseaux sociaux et notre site internet :

- Alerte BEIGE : forts risques d'intempéries (coup de vent, forts orages, pluies avec risques d'inondations, neige au sol ...)

- Alerte ORANGE : très forts risques d'intempéries (tempête, orages violents, inondations et fortes pluies, canicule, épisode neigeux important ...)

- Alerte ROUGE : risques d'intempéries exceptionnelles (fortes tempêtes, crues exceptionnelles, canicule durable)

Depuis que le site existe en 2006, il s'agit là de la troisième mise en place d'une alerte ROUGE sur notre site. 

Décision, mise en place et communication dans la journée de Lundi

Avec le concours des modélisations météorologiques, lors des relevés d'observations de 6h, quatre tendances se constatent. La tempête est en avance de plusieurs heures, le courant JET est couplé avec la dépression, la dépression est légèrement plus creuse et les observations que l'on réalise sont assez équivoques. La bascule des vents au nord-ouest ( moment annoncé le plus fort ) n'est pas opérée à 6h et les observations sont déjà très importantes ( 133 à Ouessant, 130 à Plouzané, 119 à St-Mathieu ). L'heure suivante, les observations sont cette fois plus inquiétantes puisque la bascule n'est toujours pas opérée et la tempête semble plus forte que prévue ( 176 à Ouessant par exemple ). Toutefois ces mesures restent dans la prévision annoncée car dans l'intérieur des terres, les rafales atteignent 100 km/h dans le Finistère. Toutefois, nous n'observons pas encore la bascule des vents. A 8h, le président est informé de la situation et des dernières cartes d'observations. Et la différence avec l'organisme officiel est là. Météo France pour passer en vigilance rouge doit passer par de nombreux intermédiaires pour arriver jusqu'à la diffusion finale de leur carte de vigilance ( préfet, sécurité civile, communes, ... ), ce qui n'est pas le cas de notre organisme où deux prévisionnistes étaient acteurs de la mise en place de l'alerte.  A 8h13 précisément, nous recevons les dernières observations des rafales de vent. A 8h30, la décision est prise de passer en alerte ROUGE alors que la tempête est en plein sur le Finistère et que même si les vents sont déjà violents, il convient de communiquer dans un créneau horaire où vous êtes nombreux à être sur les routes en direction du travail. La diffusion se fera à 8h50 sur notre site et nos réseaux sociaux. 

Cette décision a été prise tardivement mais la priorité était d'insister sur le caractère exceptionnel et violent de l'événement. Nous avons un rôle à jouer dans la communication météorologique à l'échelle locale et nous ne remplacerons jamais les cartes de vigilances de Météo France. D'ailleurs, si nous jugeons positive notre communication, on peut quand même en tirer des limites car l'alerte ROUGE n'était absolument pas justifiée dans les Côtes d'Armor.

L'alerte ROUGE avait été évoquée la veille mais les modèles météorologiques s'attardaient de plus en plus sur le scénario plus modéré.

Merci pour votre confiance

Cet article a été réalisé à la suite de beaucoup de questions posées sur les réseaux sociaux. Il faut savoir que l'entreprise ne peut pas se permettre de diffuser de fausses informations qui dégraderaient l'image de Météo Bretagne. 

Vous êtes plus de 26 000 sur notre site pour cette journée ( le record est de 30 000 ) et plus de 60 000 à visiter nos pages. Vous avez été plus de 10 773 à partager nos articles sur Facebook, 946 476 atteints par nos articles et 2995 à avoir réagis. On ne vous remerciera jamais assez pour votre interactivité précieuse et pour votre confiance. 

Stéven Tual

Écrit par Stéven Tual, publié le 8 mars

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